Au Resto du coeur
Vingt ans oh temps lumineux printemps fraternels petites mains dans la main à l’atelier de confection nous brodions des dentelles en chantant pour les demoiselles d’honneur d’Avignon et d’ailleurs tout était limpide à vingt ans.
Un matin les machines se sont tues De files d’attente désabusée en aiguilles inutiles j’ai poussé la porte d’un marchand de sommeil quatre cent euros pour des murs décrépits une chambre comme un tiroir à cafard
Que reste-t-il pour ma pomme jusqu’à la lie toute ma honte est bue Des rats qui me rongent pauvre cloche mes nippes dépareillées
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Nous sommes les trois petits cochons si forts que le loup en tremble encore !
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Je veux en finir Je veux mourir Marmotte-t-elle Dans un sanglot Sa tête brune Se recroqueville Dans la molle coquille De son manteau
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Je m’appelle Mustapha Mousse pour les intimes qui savent combien ma langue est douce Je suis un kabyle du sud de l’Algérie mon beau pays sans avenir Voilà trois ans J’ai quitté ma montagne Ses cailloux le désert qui avance Je rêvais de Paris De la belle vie De claires fontaines
Et je suis à Dunkerque
Au
fond
d’un
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Des orphelins De Coluche de Gandhi Et de mam Bâ
On s’en balance On s’en moque Du Tiers comme du Quart
Au diable la fracture sociale La frange infâme L’ignoble fange On préfère le Dakar
Le sable chaud A tous les diables les indigènes Des républiques schizophrènes
Ou bananières
A quand la baisse des prix de l’or noir Pour remplir le ventre pansu
De nos automobiles Aux étals radieux
De nos temples Dégénérescence
Mais demain A ce jeu de dupes Il faudra bien changer la donne.